À lire & À voir
Littérature
Toujours désireux de partager ce que nous avons aimé, ce qui nous a touchés, enthousiasmés, nous faisons régulièrement découvrir à nos clients des livres qui nous tiennent à cœur. Une façon aussi de soutenir leurs auteurs, et de les aider à rayonner au-delà de leur public habituel.
Nos coups de cœur
Le 15 avril 2019, en début de soirée, Notre-Dame de Paris s’embrase et émeut la France entière. Le grand vaisseau de pierre et de bois, encré depuis des siècles dans la mémoire collective, menace de sombrer sous nos yeux. Pourtant, au petit matin, la structure globale a tenu bon et les deux tours sont toujours debout. Les soldats du feu ont accompli une véritable prouesse et la Dame Blanche n’aura pas à renaître totalement de ses cendres.
Quelques jours plus tard, dans un autre lieu emblématique de notre culture, une librairie, nous découvrons un beau recueil réunissant des textes de Sylvain Tesson : Notre-Dame de Paris, Ô reine de douleur. L’écrivain et voyageur — ou l’inverse — qui, pendant des années, fut « un escaladeur de cathédrales… adorateur des gargouilles et des croix sommitales », y livre son amour pour l’édifice martyre. Le texte d’ouverture « Et voici l’océan de notre immense peine » est inédit.
Le projet des Éditions des Équateurs de reverser à la Fondation du Patrimoine l’intégralité des bénéfices de la vente de l’ouvrage nous interpelle… et nous décidons de l’offrir à nos principaux clients, amis et relations proches, afin de contribuer modestement à la renaissance de Notre-Dame – ce joyau de l’art gothique, précieux témoignage du savoir-faire des grands bâtisseurs.
« Peut-être les ventes de l’ouvrage suffiront-elles à peine à financer la réfection de l’oreille d’une gargouille, écrit Sylvain Tesson. Au moins aurons-nous participé humblement au grand élan du peuple, soudain réveillé par les flammes. Et aurons-nous consolé notre chagrin en distrayant notre esprit par le travail. »
En mai 2020, alors que la France était confinée pour la première fois, que tous les libraires de France avaient baissé le rideau, nos clients recevaient par voie postale un autre de nos coups de cœur : Nus, un premier roman écrit par Laure Becdelièvre.
Cette œuvre sensible porte bien son titre, puisqu’elle raconte presque une année de la vie d’une femme, Mathilde, modèle vivant de nu artistique en atelier et école d’art. Mathilde tombe enceinte et va continuer d’exercer son métier malgré son corps qui change, malgré son couple qui vacille, malgré le souvenir à vif de l’ami fauché par une balle, un soir de novembre, dans un concert de rock… Un récit qui oscille sans cesse entre légèreté et gravité, où la vie, envers et contre tout, force son passage, au propre comme au figuré.
Pour la petite histoire, outre sa qualité littéraire, il est une autre raison pour laquelle nous souhaitions offrir ce roman à notre communauté. Son auteure n’est pas totalement une inconnue pour Faubourg Conseil Immobilier : le beau-père de Laure se trouve être l’un de nos clients propriétaires….
« Son esprit se mit aussi à gambader à l’extérieur, au hasard des grains de poussière qui flottaient dans la lumière, des rumeurs de la ville au-dehors, des bruits de crayon qui grattaient le papier. Indifférent à ces regards braqués sur elle, vifs et impersonnels à la fois. Vides d’érotisme, avait-elle toujours cherché à imposer. Vide d’un désir autre que celui de bien la dessiner. » (Laure Becdelièvre)
À l’approche de l’hiver 2020, changement de cap et autre climat ! C’est vers Capri l’éternelle, joyau de la mer Tyrrhénienne, que nous avons offert à nos clients de voguer.
Entre mythes et légendes, tour à tour théâtre de conquêtes guerrières, source d’inspiration féconde pour les artistes et les créateurs de mode, rendez-vous privilégié de la jet set, « l’île bénie » émerveille et fascine depuis l’antiquité.
À travers les mots de Jean-Pascal Hesse et les superbes photos qui illustrent ce bel ouvrage, le lecteur prend plaisir à découvrir (ou redécouvrir) Capri.
À propos de l’auteur, lui non plus n’est pas un inconnu pour nous. Le Faubourg Saint-Honoré étant un petit « village », nous sommes heureux de compter Jean-Pascal parmi nos voisins et amis…
« Capri est en fait un secret. Ce n’est pas une halte comme une autre ; ce n’est pas une destination quelconque. On dit de Capri que c’est « l’œuvre accomplie – l’Opus Dei ». […] La plupart des visiteurs semblent vouloir abandonner leur manteau de vent, de froidure et de pluie. Ils viennent là car l’ambiance y est joyeuse, festive et ludique. » (Jean-Pascal Hesse)
Illustration : www.maiiva.com
Celui qui peut ne veut pas. L’usage du vide (Romain Graziani) PAR GILLES GOUZERH
Alors que la France s’était reconfinée au printemps 2021, Faubourg Conseil Immobilier a continué de suivre ses clients propriétaires de près ! Y compris au-delà de la prestation de service, qui constitue le premier lien avec la société… Au point de mettre l’un d’eux en avant.
Romain Graziani avait déjà une réputation établie. Professeur en études chinoises à l’École normale supérieure de Lyon, chargé de cours, docteur ès lettres à l’université de Genève, cet universitaire et essayiste avait déjà écrit de nombreux ouvrages. À travers un dernier livre passionnant, de ceux qui s’insinuent durablement dans le cours de nos réflexions, Romain nous éclaire sur « l’usage du vide », ici rapporté à « l’intelligence de l’action ».
Dans un style accessible et fluide, l’auteur explore ces états optimaux que nous pouvons désirer atteindre dans nos échanges sociaux, dans la pratique d’un sport, au cours d’un processus de création ou d’une tentative de séduction amoureuse. Il décrit les mécanismes, conscients ou non, qui font fuir le sommeil, empêchent de se remémorer un nom, de se comporter ou d’agir à volonté de manière parfaitement naturelle et spontanée. Et de fait, « on ne peut décider de tomber amoureux au terme d’un raisonnement, d’avoir soudain la foi parce qu’on en perçoit tous les avantages ou de se rendre insoucieux et de bonne humeur parce que quelqu’un vous donne l’ordre de changer immédiatement d’état d’esprit. » Il existe donc bien « des états hostiles au vouloir… » Les états optimaux sont en effet de nature réfractaire et « ne peuvent se manifester qu’en l’absence de la volonté de les provoquer ». « La volonté n’est plus seulement inutile, mais positivement néfaste », écrit l’auteur.
Mal élucidé et jamais résolu dans la philosophie occidentale, ce paradoxe de l’action volontaire, cet antagonisme entre vouloir et pouvoir, entre moyen et fin, est au centre de la pensée Taoïste, pourtant née entre le sixième et le cinquième siècle avant notre ère. Ainsi, comme nous l’explique Romain, le tchouang-tseu, considéré comme le texte fondateur de la pensée Taoïste, fait intervenir « les notions maîtresses du taoïsme philosophique comme le vide, le jeûne de l’esprit, l’oubli intentionnel ou le non-agir ». Autant de stratégies qui permettraient d’atteindre un état optimal dans un but et un contexte donnés.
Mais ces notions de vide, d’oubli intentionnel, de non-agir, restent obscures aux Occidentaux que nous sommes, avant tout soucieux d’être dans le contrôle de nos attitudes, de nos pensées, de nos émotions. Cette maîtrise de soi serait-elle finalement contreproductive dans nombre de situations de la vie ? En termes d’accomplissement personnel ? Le livre de Romain Graziani incite indéniablement à se poser la question. Mobilisant, sans les opposer, les ressources de la pensée chinoise et de la pensée européenne, l’ouvrage apporte une contribution originale à l’intelligence de l’action.
Au nom de l’arbre, Introduction de Sylvain Tesson, préface de Jacques Rocher (Albin Michel, mai 2021)
Pour la seconde fois en deux ans, les chemins du hasard – ou du destin – nous ont menés à Sylvain Tesson, un auteur que nous apprécions beaucoup chez Faubourg Conseil Immobilier, pour son talent et les valeurs qu’il porte.
En 2020, ce grand voyageur, écrivain talentueux, homme engagé et escaladeur à ses heures, apporte son soutien au projet lancé par le célèbre botaniste français, Francis Hallé : la création d’une forêt primaire de plaine, en Europe. Pour l’heure, il n’en reste qu’une, la forêt vierge de Bialowieza, entre la Pologne et la Biélorussie, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. « L’arbre est un vo […] la forêt est un refuge », défend Sylvain Tesson.
Un an plus tard, nous avons retrouvé la sincérité, l’élégance et la poésie de sa plume en introduction d’un très beau livre : Au nom de l’arbre, ce « voyageur immobile » dans le « refuge » qu’est la forêt. Ainsi entend-il interpeler le public autour d’un sujet qui nous concerne tous : la préservation de notre monde et de ses merveilles.
L’ouvrage que nous avons souhaité offrir à nos relations et clients a ceci d’intéressant qu’il ne témoigne pas uniquement de la disparition des forêts. Il raconte tout autant leur renaissance, à travers les initiatives qui germent et s’épanouissent un peu partout sur la planète. En Éthiopie, en Inde, au Mexique, au Togo, à Madagascar, en France… des femmes et des hommes replantent par millions des arbres là où ils avaient disparu. Et la nature, en retour, sait se montrer généreuse pour qui la protège et la soigne.
« Nous sommes puissants, nous sommes immobiles, nous triomphons dans la lumière, nous sommes enracinés et pourtant nous ouvrons nos bras dans le ciel. Nous sommes de la terre et du ciel. De l’ombre et du vent, de la racine et de la lumière. Notre écorce est la chair du temps qui passe. Vous, les hommes, vous vous agitez à la surface. Vous devriez parfois nous regarder mieux et vous inspirer de notre présence. » (Sylvain Tesson)
En 1653, Nicolas Fouquet, surintendant des Finances de Louis XIV, sollicite les plus grands artistes de l’époque, l’architecte Le Vau, le jardinier Le Nôtre, le peintre Le Brun et le maître maçon Villedo, pour transformer sa propriété en un chef-d’œuvre passé à la postérité : le château de Vaux-le-Vicomte.
Toujours désireux de partager nos coups de cœur littéraires, nous avons invité fin 2021 notre communauté à redécouvrir l’un des plus majestueux châteaux de France, le temps d’une visite privée. À travers un très bel ouvrage, l’historien Guillaume Picon et le photographe Bruno Ehrs nous livrent en effet une lecture intime de ce qui fut avant tout une histoire d’amitié.
À l’origine, le rêve de Nicolas Fouquet, homme riche et puissant, mécène avant l’heure, soucieux de rassembler autour de sa personne « ce que la France d’alors — vers 1650 — compte de beaux esprits et fertiles créateurs », selon Eric Orsenna, qui signe la préface de l’ouvrage.
Son château sera imaginé par le meilleur architecte de l’époque, bâti par un maître maçon de haute renommée, aménagé par le plus grand décorateur du royaume et entouré de jardins signés par le paysagiste des rois. Si la grâce du domaine est le fruit d’une vision partagée, chacun fut libre d’y exprimer son art. Dans ses murs et ses allées se sont croisés des génies et joués des destins. Partout se révèlent la passion et la beauté. Jean de la Fontaine, volontiers subversif, décrivait ainsi l’âme du lieu : « Il flotte dans l’air de Vaux une douceur qui fera toujours défaut à la gloire de Versailles ».
« Vaux-le-Vicomte est l’œuvre fondatrice, le modèle où s’écrit une grammaire déclinée plus tard dans tous les domaines de France et d’Europe » (Guillaume Picon).
Il y a une quinzaine d’années, Patrik Barret découvrait Isy Ochoa, une peintre, illustratrice et dessinatrice d’origine basque attachée à célébrer la beauté du quotidien à travers paysages, portraits animaliers et natures mortes, dont certains ont été reproduits sur des timbres-poste. Le fondateur de Faubourg Conseil Immobilier avait alors acquis trois de ses tableaux.
À l’automne 2021, nous devions recroiser la route de cette artiste prolifique, engagée pour la cause animale, à travers la lecture d’un article du Monde qui présentait ses livres illustrés. Devant le refus des éditeurs de soutenir ses nouveaux projets, Isy Ochoa venait de lancer sa petite maison d’édition, Ours et Loup, pour publier ses ouvrages grâce au financement participatif.
C’est ainsi que, toujours attentifs aux causes justes, nous avons choisi de promouvoir à notre échelle Fritz (2018) et Sauve qui plume ! (2021). Le premier raconte la misérable et authentique vie d’un éléphant de cirque. Le second entend sensibiliser les enfants à la cause des oiseaux à travers un conte écologique. Et, pour couronner nos retrouvailles, nous avons redonné une seconde vie à ses tableaux en les exposant dans nos bureaux !
Forcément, quand la talentueuse artiste a publié au printemps 2022 un nouvel ouvrage pour célébrer le bicentenaire de la naissance de Rosa Bonheur (1822-1899), et que notre amie Patricia Bailly, galeriste du Faubourg, a choisi de la soutenir, nous ne pouvions que plébisciter l’initiative !
Dans cette biographie illustrée de la peintre animalière du XIXe siècle, qui fut précurseur de l’écologie et de l’antispécisme, et l’une des rares artistes de ce siècle à avoir connu – âgée d’à peine 20 ans ! – la richesse et la célébrité de son vivant, Isy Ochoa raconte avec simplicité et sensibilité l’histoire de cette femme indépendante et très engagée dans la protection des animaux, qu’elle considérait comme ses « amis inférieurs ».
Peu attirée par les mondanités, l’artiste-peintre quitta Paris à l’âge de 40 ans, en pleine gloire, pour s’installer près de Fontainebleau, dans le château de By, qui deviendra son havre de paix et le lieu d’une fabuleuse ménagerie au plus près de la nature – ce « livre magnifique resté toujours ouvert devant ses yeux ».
« Si nous ne comprenons pas toujours les bêtes, les bêtes nous comprennent toujours » (Rosa Bonheur).
Il y a deux ans, nous vous invitions à conjurer l’hiver en plongeant dans le bleu de Capri l’éternelle, ce joyau de la mer Tyrrhénienne. Entre mythes et légendes, tour à tour théâtre de conquêtes guerrières, source d’inspiration féconde pour les artistes et les créateurs de mode, rendez-vous privilégié de la jet set, « l’île bénie » revivait sous la plume de Jean-Pascal Hesse, un de nos voisins et amis du Faubourg Saint-Honoré.
Parce que nous sommes fidèles aux auteurs qui nous enthousiasment, nous avons le plaisir de vous faire découvrir, pour ouvrir 2023, le nouvel opus de celui qui se trouve être aussi le directeur de la communication du groupe Cardin : Pierre Cardin. Mode Mythe Modernité (Flammarion, septembre 2022).
Avec la complicité de Pierre Pelegry, un autre collaborateur de longue date du célèbre couturier disparu fin 2020, Jean-Pascal Hesse nous offre un portrait inédit de son mentor, nourri de souvenirs personnels et servi par les superbes photographies de Yoshi Takata et Roland de Vassal, dont certaines sont publiées ici pour la première fois.
Un hommage à la hauteur d’un créateur visionnaire, pour qui la mode était un métier d’art et qui pensait « qu’à travers un vêtement, on peut approcher et saisir l’âme d’une civilisation. »
Du manteau « plissé soleil » plébiscité par Jackie Kennedy et qui fit le succès éclair de Cardin dès les années 1950, à la collection Cosmocorps, influencée par l’ère spatiale, en passant par son exploration prémonitoire de la fluidité des genres, Jean-Pascal Hesse et Pierre Pelegry font revivre ici une œuvre en mouvement et toujours réinventée, ouverte sur le monde et les arts dont Pierre Cardin était un fidèle mécène et ardent amoureux.
Non ! Non ! Pas de noir pour Monet, Voyons ! Le noir n’est pas une couleur. — Georges Clemenceau, au pied du cercueil de Claude Monet
Depuis de longues années, nos passions pour l’art et l’immobilier trouvent à se croiser à travers les personnalités que nos métiers mettent sur notre route, ou les œuvres qui rehaussent intérieurs et façades. Parce que nous aimons partager avec nos clients et amis nos coups de cœur littéraires, nous sommes heureux de vous envoyer le roman policier français le plus primé en 2011, Nymphéas noirs, dont le décor n’est autre que Giverny et ses jardins, ses maisons, ses ruelles si typiques.
Qui eût cru que Monet, le peintre des mille nuances de lumière, allait inspirer un roman noir ? C’était sans compter Michel Bussi, maître des intrigues virtuoses alliant émotion et suspense, qui signe ici un polar magistralement orchestré, qui vous tient en haleine jusqu’à son insoupçonné dénouement.
Tout n’est qu’illusion dans ce petit village normand devenu musée à ciel ouvert, et dont chaque habitant se révèle être une énigme, chaque âme avoir son secret. Autour du bassin aux nymphéas qui occupa les trente dernières années de la vie du Maître de l’impressionnisme et se fait le support d’un vertigineux jeu de miroirs, des meurtres vont venir sceller le destin de trois femmes : une fillette de onze ans qui ne vit déjà que pour la peinture, une institutrice aux yeux mauve qui sait déceler les chefs d’œuvre, enfin une vieille dame aux airs de sorcière, qui voit sans être vue du haut de son moulin. Autour d’elles, gravitent un agent immobilier amateur de chasse, un inspecteur roulant en Triumph, ou encore un vieux peintre américain.
Entraînant le lecteur à travers les méandres de l’histoire, du marché et de la passion de l’art, Michel Bussi se plaît à brouiller savamment les pistes, tout en nous offrant un angle de vue inattendu et touchant sur le jardin artistique le plus célèbre du monde.
Dernier coup de cœur en date de Faubourg Conseil Immobilier, cet insolite récit à deux voix raconte l’histoire de deux amoureux de la nature, passionnés par les oiseaux et leur poésie.
Jean Boucault et Johnny Rasse ne viennent pas de n’importe où : ils sont nés à Arrest, dans la Baie de Somme, sous le ciel immense de cette région du Nord qui m’est si chère, aux confins de la terre et de la mer. L’un est le fils du pharmacien, l’autre est le fils du berger et tous deux, très jeunes, sans se concerter, se sont pris au jeu de l’imitation du chant des oiseaux. D’abord rivaux dans les concours où leurs talent font merveille, ils finiront par s’unir pour former le premier duo de « chanteurs d’oiseaux » et se produire sur les scènes du monde entier.
Quel plaisir de suivre le fabuleux destin de ces enfants « décalés », l’un parce qu’il était un peu trop grand, l’autre parce qu’il était paralysé d’angoisse, et pour qui apprendre la langue des oiseaux a permis de se faire une merveilleuse place dans le monde ! Quel réconfort de voir aboutir, dans cette difficile époque qui est la nôtre, le projet d’un récit sur un sujet d’apparence si simple, et pourtant si fascinant quand on y plonge !
Découvrir les plumes affûtées du « merle noir » et du « goéland argenté », c’est en sortir profondément enrichi.
« Rien ne sépare l’enfant de l’oiseau. Malgré leurs différences extrêmes, un fil invisible les relie. […] Jean s’efface de son langage pour entrer dans une autre langue, un autre monde. » (Johnny Rasse)
Et si l’art roman avait encore bien des secrets à nous apprendre ? Et s’il fallait le comprendre, non comme un art archaïque en-deçà de la sophistication du gothique, mais comme un art de la lumière révolutionnaire ?
Telle est peut-être la clé du mystère de l’église de Saint-Nectaire, ce chef d’œuvre de l’art roman perché sur le Mont Cornardore, au cœur de l’Auvergne. Et tel est l’objet de l’enquête menée depuis plus de dix ans par le photographe et cinéaste Daniel Tardy, auteur d’un impressionnant ouvrage sur ses découvertes : Toute la lumière sur l’église romane de Saint-Nectaire (Éd. BZT, 2013).
De l’histoire de ce joyau du Puy-de-Dôme classé monument historique, on ne sait rien ou si peu. Le clergé n’avait-il pas dès l’an 1000 un service dédié à l’administration de son incroyable patrimoine immobilier, centralisant la gestion des biens que les moines ou les clercs, localement, assuraient avec une rigueur légendaire, au point d’en inspirer plus tard le capitalisme marchand ? Quand on est un professionnel de l’immobilier, on peut se poser légitimement la question ! Reste qu’en venant vider de ses âmes la paroisse de Saint-Nectaire durant près d’un siècle, la peste noire de 1347 a privé les archives ecclésiastiques de tout un pan de mémoire. Il y a bien quelques parchemins sur lesquels trouver des indices, mais aucun plan, aucun manuscrit sur l’histoire de l’édifice – et l’empilement successif de couches architecturales qui le constitue – n’a été retrouvé.
Alors de nombreuses interrogations subsistent, auxquelles s’est donné pour mission de répondre Daniel Tardy, passionné d’histoire religieuse médiévale et intrigué par la taille et la richesse patrimoniale de cette église, où « tout est tellement pensé », dans un si modeste village de moins de 1 000 habitants…
L’enquêteur a passé des milliers d’heures dans l’église de Saint-Nectaire, glanant plus de 15 000 photos lors de ses visites par tous temps et toutes saisons. Au cœur de sa quête quasi-obsessionnelle, un ouvrage remarquable : un ensemble de chapiteaux ornés dont les saints personnages, au lever du soleil, sont chacun tout à tour éclairés avec une précision millimétrique, en parfaite concordance avec les fêtes religieuses. Recoupant ses relevés de terrain avec les savoirs d’archéologues, d’architectes, d’historiens, convoquant également les nouvelles technologies comme un modélisateur d’éclairage 3D conçu par un laboratoire du CNRS, Daniel Tardy a découvert là rien moins qu’un calendrier solaire monumental – et l’ancêtre du cinéma, mille ans avant l’invention du septième art, dans ces sculptures en quatre dimensions intégrant dans l’espace, à l’aide de la lumière, la quatrième dimension du temps.
Il est aussi parvenu à faire le lien entre ce joyau de l’art roman et l’un des papes les plus ambitieux de l’histoire de l’Église catholique : Clément VI. Ce lettré et homme de pouvoir, à qui l’on doit l’agrandissement du Palais des Papes en Avignon afin d’en faire le nouvel épicentre de la papauté, a en effet son destin intimement lié avec l’Auvergne et la famille de Saint-Nectaire, dont l’illustre ancêtre quitta sa Grèce natale pour évangéliser la région : le futur pape a 10 ans lorsqu’en l’an 1301, ses parents le confient aux moines bénédictins de la Chaise-Dieu, ce haut-lieu de la spiritualité européenne situé en Haute-Loire, dont il fera raser la « casa Dei » (maison de Dieu) pour la remplacer par l’actuelle abbaye gothique où est abrité son tombeau. Et si les chapiteaux animés de Saint-Nectaire étaient un instrument de « soft power » de l’époque, pour continuer de faire rayonner la chrétienté ?
Si vous n’avez pas le temps de lire la somme d’érudition qu’est l’ouvrage tiré de ses recherches, vous pouvez visionner un documentaire récemment diffusé sur France TV et signé par Roland Théron, qui a suivi Daniel Tardy « Sur les traces de Clément VI ». Ce film résume bien les enjeux et zones d’ombre qui persistent autour de l’église de Saint-Nectaire et son histoire. 52 min, Big Company Prod / France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, 2024
Et pour en savoir encore plus, deux films réalisés à l’occasion d’une conférence de Daniel Tardy sont à votre disposition :
1ère partie : Film d’observations et d’explications du calendrier solaire de l’église romane de Saint-Nectaire
2ème partie : Exposition d’un procédé artistique génial mais totalement oublié à Saint-Nectaire, Issoire, Notre-Dame du Port, Orcival et Brioude